L’abbé Le Lausque restera recteur de Caudan jusqu’en septembre 1957, soit 12 années. Il n’a guère été prolixe dans les cahiers paroissiaux, ce qui lui valut quelques remontrances de la part des autorités diocésaines, en l’occurrence celles de chanoine Le Baron, lors d’une visite canonique : « les notes du cahier de paroisse sont trop rares et trop courtes ; vu en visite canonique le 9.5.1955 »… c’était dans la nature de notre recteur, homme discret et réservé mais d’une grande bonté...

Avec ce qu’il nous a laissé et ce que nous avons d’autre part appris avec l’abbé Le Priol, essayons de résumer ce que pouvait être la vie de la paroisse dans les années 1950 :

Caudan compte à cette époque 2200 âmes environ, agglomération essentiellement rurale, les zones industrielles n’y étant pas encore implantées. Des personnes réfugiées en d’autres communes environnantes reviennent au pays au fur et à mesure de la construction de logements ou de baraquements provisoires, mais tous les réfugiés ne sont pas encore revenus.

La vie religieuse s’est ressentie des évènements de la guerre et de l’évacuation, un bon nombre de paroissiens a pris l’habitude de manquer la messe sous divers prétextes : « sinistrés totaux, ils n’ont plus d’habits ; depuis la destruction de l’église en 1944, insuffisance de places dans la baraque chapelle ; mais il y a aussi beaucoup de négligences ».

L’assistance à la messe nous paraît aujourd’hui élevée malgré tout : 700 à 800 fidèles les dimanches ordinaires, près d’un millier les jours de grandes fêtes (soit un habitant sur deux !). Un bon nombre de paroissiens éloignés du bourg fréquentent les églises voisines dont ils sont plus rapprochés, (il y avait moins de voitures qu’aujourd’hui...) : Notre Dame du Pont à Lanester, Hennebont, Calan, Pont-Scorff.

L’école Saint Anne comptait une centaine d’élèves avec 3 instituteurs : le vicaire, et Messieurs Harnois et Offrédo, l’école des filles (Saint Joseph) 170 enfants de la paroisse, et 84 pensionnaires, réparties en 6 classes plus 2 cours ménagers. Une quinzaine de jeunes fréquentent les écoles Saint Félix et Notre Dame du Vœu à Hennebont.

Les mouvements et services d’Église redémarrent : la JAC  la JACF  qui se réunissent une fois par mois, les groupes de Croisés, le mouvement des Cœurs Vaillants qui proposait une formation basée sur l’organisation en équipes, méthode active avec des revues spéciales adaptées. « Le lancement de ce mouvement fut un temps fort : rassemblement sur la place, remise des insignes, défilé dans le bourg… »

N’oublions pas le sport… L’abbé Le Priol est chargé de suivre la préparation militaire, assurée par un moniteur du Cercle d’Éducation Physique de Lorient. Les jeunes qui suivent cette préparation souhaitent que l’on monte une  équipe de foot. Des femmes bénévoles confectionnent des maillots, on fait des poteaux avec des troncs d’arbres et on organise des matches, des fameux derbys contre la Stiren, l’équipe voisine de Cléguer, sur les terrains appartenant à la famille Bouric, en face du cimetière puis à Kercasser et pour finir à Kergoff. De cet embryon sortit la « Garde du Menhir » qui trente années plus tard fusionna avec l’équipe de l’Amicale Laïque pour donner naissance à Caudan-sport.

Équipe de football de la Garde du Menhir (1968 ou 1970)