La campagne 2007 du denier de l’Eglise vient d’être lancée ; c’est l’occasion d’en rappeler l’origine et son histoire, particulièrement chez nous.

Jusqu’en 1905, l’Etat subvenait aux besoins du clergé et du culte, mais à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, cette pratique fut bien sûr supprimée. A Caudan (comme ailleurs), le recteur, l’abbé Le Garrec se faisait de gros soucis ; « la grande question, disait-il, est d’organiser le denier du culte (ainsi dénommé à l’époque). On prévoit de grandes difficultés pratiques ; la population ne voit dans la lutte faite à la religion qu’une quête de plus qu’on lui impose » …

Chaque paroisse était imposée par le Diocèse, suivant sa population et l’importance de ses charges ; pour sa part, Caudan devait récolter une somme de 4050 francs ; « jamais on ne pourra réaliser cette somme !…»

Un vicaire, l’abbé Goubin, fut nommé recteur de Calan. Le recteur exposa à Mgr l’évêque, les raisons pour lesquelles il serait bon qu’il ne fût pas remplacé : « la population, (partie nord) ne dépasse pas, et même très probablement, n’atteint pas 2500 habitants ; de plus, s’il y a un prêtre de moins à entretenir et à rétribuer, on pourrait diminuer le chiffre du denier du culte et au lieu de 4050 francs, le réduire à 3550 francs… ».  Monseigneur accepta cette proposition ; il restait quand même deux prêtres  « au bourg ». « La fatigue est un peu plus grande pour eux, faisait remarquer le recteur, mais à parler franchement, le travail n’est pas au dessus de leurs forces… surtout s’ils ont le zèle que réclament les circonstances… »

La péréquation fut en même temps appliquée : sur les  3550 francs, 1100 étaient destinés aux œuvres diocésaines et le reste au fonctionnement de la paroisse et aux charges du clergé résident (et à la location du presbytère, du fait qu’il était passé bien communal).

Un denier

DENIER n.m. (lat. denarius) :

  1. Pièce de monnaie romaine du temps de Jésus.
  2. Contribution libre des catholiques à la vie de leur Eglise.

L’argent ne rentrait pas. « Cette nouvelle obligation reste pour moi un véritable cauchemar, notait le recteur ; la population, prise dans son ensemble, est hostile à cette imposition nouvelle »

Il convoqua tous les chefs de famille et « tous les chefs de ménage » à une réunion au presbytère ; environ   150 répondirent à son appel ; il leur expliqua l’emploi de cet argent et « essaya de leur faire comprendre la nécessité d’établir le denier du culte pour remplacer les ressources disparues, les besoins restant absolument les mêmes : on ne demande qu’aux chefs de ménage et on ne demande à chacun que 10 centimes par semaine ».

Un mois plus tard (avril 1907) il dut se résoudre à organiser une réunion « plus intime » composée de deux chefs de famille des neuf quartiers du bourg ; il leur demanda de se constituer en comité, ce qui fut accepté ; il leur demanda ensuite de faire eux-mêmes la quête dans leur quartier respectif, ce qu’ils rejetèrent à l’unanimité ; suite à ce refus, il fut retenu (après de longues discussions), de rédiger une lettre signée de tous leurs noms et de l’adresser à tous les ménages de la paroisse ; cette démarche « n’a pas produit le résultat que l’on était en droit d’attendre ».

Ce procédé ne fut pas bien accepté (loin de là…) partout ; d’ailleurs, le denier du culte ne fut pas, à ses débuts, établi sur toute la paroisse , en particulier dans le quartier de Locunel ; «  il ne faut pas se faire illusion sur la générosité de cette partie de la population qui est dans sa grande masse indifférente ou même hostile » notait notre recteur, «  étant donnée la composition du conseil municipal et étant connues les dispositions qui animent la grande majorité des conseillers… ».

Le mois suivant (mai 1907), Mgr Gouraud, Evêque de Vannes, vint à Caudan confirmer 325 garçons et filles (il est vrai que la confirmation avait lieu tous les 4 ans). L’abbé Le Garrec, visiblement éprouvé par tous ces évènements, et profondément déçu du manque de pratique religieuse avait, disait-il, « le devoir de soumettre au chef du Diocèse des questions vitales dont il l’avait entretenu plusieurs fois par écrit… » et ainsi de partager un peu ses soucis…

Cent ans ont passé, et depuis ces cent années, l’Eglise nous demande de participer par notre offrande, à la vie matérielle de notre Diocèse ; vous trouverez dans ce bulletin toutes informations utiles pour cette année 2007.