En 1933, 18 personnes résidaient à l’hospice de Kergoff : 12 personnes âgées, 2 religieuses (sœur Madeleine et sœur Pierre), 3 employées et l’aumônier, le chanoine Huby, natif de Bubry ; en dehors de sa fonction, il jouait un peu le rôle de “chef d’équipe” auprès des résidents. Aux religieuses les intérieurs, à l’aumônier les extérieurs ; les pensionnaires valides cultivaient un lopin de terre pour avoir quelques légumes, ils élevaient 2 cochons (il fallait bien garnir le charnier…), des poules, des lapins. Ils vivaient presque en autarcie...

L’étendue de la propriété demandait beaucoup d’entretien, les espaces verts, le bois, les arbres qu’il fallait élaguer, ce qui permettait de faire des lots de bois de chauffage et de les vendre (pour équilibrer le budget… ). Il fallait curer le ruisseau dont une partie formera plus tard, avec la prairie qu’il traversait, l’étang actuel ; rappelons en brièvement l’histoire :

En 1959, un Conseiller municipal, membre du Conseil d’Administration de l’hospice, propose la création d’un barrage au bout de la prairie côté sud, puis de noyer cette prairie pour en faire un étang dans lequel “on avelinerait des poissons pour être ainsi source de profit pour l’hospice par prélèvement d’un droit de pêche”, mais cette idée ne fut pas retenue et ce n’est qu’en 1972 que les travaux commencèrent pour aboutir à l’étang actuel ; le “pont de pierre”, ainsi dénommé à l’époque, existe toujours, il enjambe le ruisseau qui reçoit les eaux du déversoir côté sud.

1939, c’est la guerre, l’occupation ; l’armée allemande ne réquisitionnera pas l’hospice. Si les restrictions rendaient la vie quotidienne plus difficile, il y avait malgré tout des moments agréables, entre autres les kermesses du parc ; toute la population valide y participait, les réfugiés lorientais mettaient aussi la main à la pâte et même l’occupant (dit-on…) fréquentait avantageusement les stands… les crêpes en particulier connaissaient un grand succès. Le bénéfice de ces fêtes servait à confectionner des colis pour les prisonniers de guerre.

1943, les bombardements font rage dans ce secteur, aussi le Maire, Monsieur Le Léannec, décide de transférer les résidents dans un lieu plus sûr, comme St Avé ; heureusement car, un peu plus tard, un incendie détruisit tout le château (causé par des bombes incendiaires ? par un commando allemand ? ), toujours est-il que tout fut brûlé (sauf les dépendances annexes).

Dans les années 30 (cf. les archives de la maison mère), un bruit circulait dans les chambres que les anciens propriétaires avaient dissimulé de l’or et des bijoux dans un recoin de la bâtisse ; mais le trésor, n’est-ce pas la somme de dévouement et de tendresse prodiguée par les religieuses au service des pensionnaires qui, à l’ombre des mélèzes, rêvent du passé où il faisait si bon vivre ?…

A la libération, la municipalité se trouva confrontée à des problèmes de restructuration et de reconstruction, la guerre avait fait de gros dégâts. En 1960, le Conseil municipal vota la construction d’un établissement plus important que l’ancien destiné à recevoir un quarantaine de personnes et desservi par les religieuses selon les vœux de la donatrice.

Le financement fut obtenu grâce aux dommages de guerre et les architectes retenus furent Mrs Guillau et Lindu (tiens, tiens, les même que ceux de l’église… ).

Entre la fin de la guerre et cette époque, les terrains cultivables avaient été loués aux agriculteurs riverains qui les exploitaient, ce qui n’empêchait pas le déroulement de manifestations ; ainsi, au cours de l’été 1961, une course de stock-cars eût lieu dans un des champs de la propriété ; il fallut d’ailleurs arracher une importante partie des pommiers (avec l’accord du locataire), ce qui causa de petits problèmes à la municipalité.

En 1960 donc, commencèrent les travaux de construction des bâtiments actuels. Il fallut attendre 1962 pour permettre la réouverture de la maison.