Dans le bulletin du mois dernier, nous faisions un dernier appel pour le denier de l’Église 2008. Comme il y était précisé, la somme récoltée sert, partiellement, à donner un traitement et les moyens de vivre aux prêtres.

Rappelons que ce denier de l’Église appelé à l’origine denier du culte a été instauré au lendemain de la séparation de l’Église et de l’État en 1905.

Avant cette date, comment assurait-on les revenus affectés aux besoins du clergé ? Antérieurement à 1464, note l’Abbé Camper en 1893, Caudan appartenait, du fait de son importance territoriale, aux Archidiacres de Vannes, (qui sont aujourd’hui les équivalents des Vicaires Généraux) ; ces Archidiacres en percevaient les dîmes (impôts affectés au clergé ou à la noblesse) et nommaient un desservant. Plus tard, c’est l’Évêque ou le Pape qui procédaient à la nomination de celui qui prit depuis lors le titre de Recteur. « L’Archidiacre continua à percevoir une partie de la dîme, le Recteur ne devenant plus donc que proportionnaire !… »

A la veille de la Révolution, le revenu net du Recteur de Caudan était de 650 livres (monnaie ancienne remplacée par le franc) ; après la révolution, les revenus du Clergé provenaient principalement des quêtes, collectives ou individuelles, pratiques qui furent bien souvent source de conflits et de polémiques.

Ainsi, en 1869, lors de la mise en place du budget annuel, un groupe de conseillers municipaux évoquèrent ce problème des quêtes individuelles : « ces quêtes, disaient-ils, sont devenues impopulaires et ne sont plus de notre époque, elles font murmurer et sont souvent malheureusement cause de plaintes et de propos malséants qui portent atteinte à la considération et à la dignité du prêtre… » Pour cesser cet état de choses fâcheux, ils proposèrent en remplacement une somme de 300 francs à chaque vicaire en plus de leur traitement, soit en tout 900 francs ; ce qui fut voté et accepté.

La quête à l'égliseHélas, pour tout le monde, patatras ! Le Préfet n’approuva pas cette proposition, mais le Conseil Municipal (pressé d’en finir) revint à la charge. Monsieur la Maire fit d’abord voter au scrutin secret s’il fallait ou non supprimer les quêtes, la réponse fut : oui. Par contre le traitement des vicaires fut sérieusement revu à la baisse… 500 francs annuels !

Cette fois le Préfet approuva et il fut décidé que « la quête faite par les vicaires sera supprimée à partir de 1870 et sera remplacée par une allocation de 500 francs à chacun des trois vicaires à payer par trimestre ».

Quelques années plus tard, la pauvreté gagna de nombreux foyers et un conseiller municipal, en raison disait-il « des sacrifices que la commune est obligée de s’imposer » demanda une réduction de 200 francs sur le traitement de chaque vicaire, en considérant les faits suivants :

  • Les huit centimes par enfant que la commune doit s’imposer pour arriver à la gratuité dans les écoles.
  • Les 600 francs que le conseil vote tous les ans pour donner du pain aux malheureuses veuves suite aux accidents qui arrivent dans le port maritime.
  • Le budget de la Fabrique (Église) qui dégage un excédent de recettes qui devrait couvrir la totalité du traitement des prêtres.

Quelques membres du conseil demandèrent même la suppression totale du traitement ; il y eut eu vote et finalement par 18 voix contre 2, le traitement fut réduit à 300 francs.

Mais les querelles reprirent de plus belle !…