Du 4 au 30 novembre dernier s'est tenu à la médiathèque de Caudan une exposition sur Yves Guillou "architecte d'une nouvelle Bretagne", celui qui fut le créateur de notre église paroissiale. Profitons de cette occasion pour faire plus ample connaissance avec cet architecte de valeur, grâce aux articles parus à son sujet et aux précisions orales de Mr Pellerin, le fils du professeur des beaux-arts...

Yves Guillou est né à Plouézec dans les Côtes d'Armor en 1915, près de Paimpol ; il débute sa carrière par l'école régionale des beaux-arts à Rennes ; major de sa promotion, grâce à ses excellentes notes en dessin et mathématique, il préparera ensuite à Paris son diplôme de l'école supérieure. Le directeur de cette école fut destinataire d'une offre d'emploi émanant du génie rural du Morbihan ; seul Breton de sa promotion, Guillou en fut le bénéficiaire et c'est ainsi qu'il devint Morbihannais ; il débuta ses longs périples dans le pays Vannetais afin d'établir un diagnostic sur l'état de l'habitat rural dont il fallait ensuite concevoir la rénovation ; les campagnes faisaient l'objet d'une attention soutenue et spécialement chez nous, où dominait la forte figure de Louis Le Léannec, président de la chambre d'agriculture et de l'union des syndicats de Bretagne.

Yves GuillouA la fin de la guerre, un énorme chantier de reconstruction se présentait à tous ; Guillou fut appelé par Georges Toury (chargé de la reconstruction de Lorient et de sa région, avec le concours de Pierre Lindu), et il débuta en modernisant ou construisant quelques mairies, dont celle de Caudan ; son talent et sa réputation encore modeste et limitée au Morbihan, gagna toute la Bretagne.

Dès 1952 Guillou fit abstraction des idées de l'époque pour oser une démarche personnelle dans le domaine de la structure et des matériaux.  Il était fils de carrier et pourtant il n'aimait pas la pierre, "elle prend l'eau" disait-il. Il lui préférait l'ardoise des monts d'Arrée dont il recouvrit sa maison de l'ile-aux-moines. Il radicalisa les usages traditionnels en prolongeant les bâtières jusqu'au sol, "tout en toit" ; on commença à parler du style Guillou.

C'est à la fin des années 50 que Guillou fut appelé au chantier de notre église, par son camarade Lindu et par Louis Le Léannec sénateur-maire de notre commune et également son ami ; Guillou fit peu de cas des idées dominantes dans les sphères influentes de l'art sacré, acquises à une modernité austère et rigoureuse ; le chemin de croix en est un exemple : c'est une œuvre de Francis Pellerin, professeur des beaux-arts et grand ami de Guillou ; ce chemin de croix vit le jour bien avant l'église, (une dizaine d'années) ; et à chaque visite que Guillou faisait à son ami il lui disait : "il faut que je lui trouve une place à ton chemin de croix, il est tellement beau...".

Il choqua les non-initiés habitués aux stations en plâtre et hautes en couleurs ! Mais Guillou et Pellerin sentaient un soutien, tacite certes, mais réel des plus hautes autorités religieuses régionales, en particulier du Cardinal Roques, archevêque de Rennes et de ses adjoints culturels les abbés Macé et Le Marchand (qui n'est autre que l'écrivain J. Sullivan).

L'église de Caudan est la réalisation principale d'Yves Guillou dans le domaine de l'art sacré avec la chapelle de Kervalh en Brech, magnifique. Il a dans sa longue carrière contribué au développement architectural du département trop longtemps resté en repli (ville de Vannes, littoral...) et c'est tout naturellement qu'en 1979 l'académie d'architecture lui décerna la médaille d'argent pour l'ensemble de son œuvre.

Yves Guillou est décédé à son domicile de Vannes le 17 juillet 2004 à l'âge de 89 ans.